Avec ses 292 hectares Wulverdinghe est la plus petite commune du secteur et sans doutes des Flandres.
Située à la limite des Flandres intérieures, la commune est entourée sur les deux tiers de ses limites des collines qui limitent notre Houtland. Secteurs d’argiles compacts très difficiles à cultiver si bien que le village est environné de bois : de Watten, du Ham. L’argile y est tellement pure qu’une vaste carrière abandonnée depuis peu, située à la limite de Wulverdinghe, a servi pendant longtemps de matière première pour une tuilerie. Le site est à protéger car il est devenu un havre de paix pour la faune et une flore très riche et particulière s’y développe (orchidées par exemple).
Au pied de la carrière les restes d’une motte féodale (voir Yser Houck n°9) témoigne de l’histoire du village, le lieu-dit s’appelle aujourd’hui l’Hoeweel, déformation du nom de la seigneurie autrefois maîtresse des lieux. En 1256 il est question de Jean Howel, chevalier et en 1282 de Gilles de Hauwels qui vend son manoir situé à l’emplacement de la motte actuelle à l’abbaye de Saint Bertin.
Les autres lieux-dits témoignent eux aussi du passé de la commune. Les Viviers, le long de la Clinke Becque, on y élevait sans doutes des poissons pour les jours maigres des gens riches. Le Woesten, Wet-Woesten évoquent des terres pauvres, incultes ; les Woestin. Gruysbroere pourrait signifier les frères de la croix, évocations des Templiers que l’on retrouve dans le chemin des Templiers. On a aussi le Bollaert Steen ; la pierre de l’arbre têtard. Le Berstaecke, le Champ du Nord et la Basse ville.
Le nom du village lui-même remonte au VIIème siècle alors que les Francs prenaient peu à peu possession de notre région, WULFAFRITHINGA ; lieu appartenant aux hommes de Wulfafrith (de Wolf et de Frede : loup et paix).
En 1161, on trouve la mention de la Villa de Wulverdinghe. Le terme de villa évoque la grande propriété, ferme modèle en quelque sorte qui pourrait très bien remonter aux villas gallo-romaines. Rappelons que la voie Romaine qui reliait Cassel à Watten passe par Wulverdinghe et la présence romaine a été chez nous bien plus forte qu’on le dit généralement. Présence romaine mais aussi gauloise puisqu’on a retrouvé des pièces d’or gauloises.
En 1186, il est question d’un certain Wulveric qui rappelle le nom du fondateur du village qui signa une charte. En 1227, un acte mentionne 3 hôtes de Wulverdinghe, les hôtes ou hospitales sont des personnes, parfois anciens esclaves, liés à un grand domaine et à un seigneur dont ils dépendent en tout.
Michel de Boulaers, connétable de Flandres, fils naturel du comte de Flandres, donne en 1221 à l’église de Watten, des droits qu’il percevait à Wulverdinghe, en tant que seigneur du lieu. Ces droits étaient versés annuellement par le curé, il s’agissait du Voedercom (droit sur le blé), de l’Herschot (impôt de guerre) et de l’Herscins (droit sur l’armé).
En 1190, le comte des Flandres donnait à l’abbaye de Saint Bertin sa forêt de Wulverdinghe.
Un témoin concret, de taille subsiste de ces époques anciennes, il s’agit de la façade de l’église du village. On y distingue nettement l’architecture romane du XIIème siècle (voir article dans Yser Houck n°1). La maçonnerie extérieure, montre que l’édifice fut beaucoup remanié au long des siècles et sans doutes eut-il un jour une taille bien plus importante qu’aujourd’hui. Le clocher lui même a probablement été un jour plus grand. Pourtant le modeste édifice qui se rapproche davantage de la chapelle que de l’édifice paroissial, a beaucoup de charme, et son intimité et la chaleur de son mobilier lui confèrent un caractère particulier qui n’a rien de commun avec les grandes Hallekerques voisines.
Petite église pour un village dont on a vite fait le tour. Le bourg étend ses quelques maisons le long de la rue principale qui domine les environs du haut de ses 60-65 m. Des pâtures bordaient autrefois la quasi totalité de la rue, certaines subsistent de même le long des autres chemins mais ici comme ailleurs les pâtures disparaissent rapidement. Le sud ouest du village demeure cependant le plus pittoresque, les prés accidentés parsemés d’arbres, les bois nous dépaysent si bien que l’on pourrait facilement se croire transporter dans les Ardennes.
Bois et terrains vallonnés ne furent cependant pas toujours une aubaine pour les habitants. Ces terrains sont peu productifs, ainsi pendant la révolution Wulverdinghe fut une des rares communes de la région où les autorités admettaient qu’il y ait des famines. On récoltait en 1793 473 quintaux de froment à Wulverdinghe pour 2258 à Broxeele, commune de taille voisine ; l’an III (1795) Broxeele récoltait 644 rasières de froment, Wulverdinghe 200. Dès novembre 1795 (4 mois après la moisson) on déclarait qu’il n’y avait plus de pain dans le village.
En février Wulverdinghe demande instamment des grains car il y a pénurie, alors que les villages voisins étaient tenus de livrer au district de Bergues, 4 à 6 rasières de blé par décade. Il n’y avait d’ailleurs pas de moulin sur le territoire de la commune à cette époque alors qu’il y en avait par exemple 6 à Bollezeele, 3 à Volckerinckhove, 2 à Lederzeele.
Un groupe de riches Parisiens qui firent un voyage en Flandre en septembre 1750, passant par Wulverdinghe écrivait » Nous fûmes gagnés par un chemin montant plein de sable et assez mauvais, Wulverdinghe, petit village abominable » in ACFF 1992. Jugement sans appel mais sûrement tout à fait injustifié.
En cette fin du XVIIIème siècle la commune était d’ailleurs fort peuplée, puisqu’elle comptait 386 habitants en 1795 (330 à Broxeele), population qui ne fera qu’augmenter durant la première moitié du XIXème siècle. Bien sur la population diminua ensuite régulièrement, comme dans toutes les communes rurales du secteur, il y a peu pourtant la population s’est quelque peu accrue pour atteindre 250 habitants en 2010 soit 85 habitants au km2 (contre 50 à Volckerinckhove ou 63 à Millam).