YSER HOUCK Pour le patrimoine flamand

Les moulins de Zegerscappel – 2ème partie

Le second moulin apparaissant aussi sur la carte de Cassini se nomme le Brabant Meulen, il se trouvait non loin de la chapelle Saint Bonaventure. Il faisait partie de la seigneurie de Brabant, fief vicomtier relevant de la cour de Cassel qui avait un bailli, un greffier, un amman et des échevins et qui daterait du XIVème siècle.
L’histoire de ce moulin est parfois un véritable casse-tête bien que nous ayons trouvé beaucoup de documents le concernant (un dossier de plus de 2 cm d’épaisseur !).
On ne sait pas à quel moment ce moulin est arrivé dans la seigneurie de Brabant tout comme le moulin à cheval voisin (voir Yser Houck 53). Nous n'avons pas retrouvé le terrier de Zegerscappel de 1736 qui nous aurait été d'une grande aide. Les archives municipales de Dunkerque possèdent des livres de compte de plusieurs seigneuries de Zegerscappel dont celle de Brabant, de 1619 à 1790 (cotes : archives anciennes n° 165 à 167). Ces documents consultés sont souvent presque entièrement en flamand, parfois aussi illisibles. On y a cependant retrouvé mention du moulin en 1702, ce document nous relate que le fermier Nicolas DUÏCK fils de Pierre n’a pas payé pour l’année 1702 son « rendage » qu’il doit aux « tenanciers du fief » à savoir Marguerite Charlotte DE BERGUES mère et tutrice de Charles Alexandre DEBAERNARD qu’elle a eu avec son défunt mari, chevalier, comte de Bailleul : Henry François DEBAERNARD. Cette seigneurie appartenait à la famille De Bergues Saint Winoc depuis le XVème siècle. Ce non paiement concerne « … cense terre à labour rentes seigneurial les droits de patronage de la chapelle, un moulin à vent maison et tous autres droits en dependant… ».
Les responsables de la seigneurie : sergent, bailli et échevins sont envoyés chez Nicolas Duïck afin de lui signifier de régulariser sa situation sous peine de payer le double ; étant absent un avertissement écrit lui est transmis par son principal domestique. Nous n’avons trouvé autre trace de ce Nicolas Duïck, était-il le meunier ? Dans un autre document en flamand où l’on mentionne les années 1664, 65 et 66 est évoqué le « brabant mulle » et « Baudewÿn Van Heeger » ; au vue des documents ultérieurs trouvés il est bien possible qu’il y ait été meunier ou toujours est-il qu’il avait des responsabilités au sein de cette seigneurie. Un document plus récent se réfère à « un ancien état et partage du treize février mil sept cent quarante trois, dressé par Jacques Desmyttère, échevin et François Joseph Vasseur, greffier de Zegerscappel, à la succession de Pierre Thomas Blanckaert contre Jean Vanheegher, Pierre Thomas Blanckaert et consors, la prisée stable dudit moulin à vent était par réduction en francs de 2037 F 04… », nous ne l’avons hélas pas retrouvé. Là, cela devient particulièrement difficile à comprendre, Jean VANHEEGHER qui décède à 59 ans peu de temps après ce partage a été meunier sur ce moulin comme le précise le registre paroissial (en 1739-1743). On indique la succession de Pierre Thomas Blanckaert, il doit s’agir de Thomas BLANCKAERT qui est décédé le 30 juillet 1725 à Zegerscappel mais comment est il devenu subitement propriétaire de ce moulin appartenant à la seigneurie de Brabant qui n’avait pas disparu ? Un document datant de 1702 (cote ADN : B19667) nous confirme que Thomas Blanckaert a bien un moulin à Zegerscappel, il s'agit d'une déclaration de deux meuniers, l'un de Bollezeele et l'autre d'Hardifort précisant qu'il y a deux tournants (deux paires de meules) dans le moulin de “Thomas Blanquart situé au village de Zegerscappel, chatellenie de Cassel, qu'ils ne peuvent tourner et travailler en même temp à deux ensemble à cause que l'un tournant est directement contraire à l'autre et que cela n'at jamais esté pratiqué ny estant praticable et que ledit petit tournant n'est seulement que pour travaillier avecq le petit vend et le garnd ordinaire tournant pour travailler avecq le vend suffisant…”.
La fille de Thomas Blanckaert, Marie Godelieve a épousé le 25 avril 1730 Jean Vanheegher, il a d’autres enfants dont Pierre Thomas Blanckaert. Au décès du père, le beau-fils Vanheegher se dispute donc l’héritage avec les consorts Blanckaert. Le moulin est ainsi resté en indivision moitié aux Vanheegher pilotés par un fils de Jean : Jean Baptiste VANHEEGHER et moitié par le fils de Thomas, Pierre Thomas BLANCKAERT. Cette situation abracadabrante va durer jusqu’au début du XIXème siècle.
Mais avant cela intéressons nous aux meuniers, en 1791 nous trouvons Louis Julien DEVULDER (1744 à Bollezeele-1807 à Esquelbecq). Les fameux Devulder meuniers que nous avons déjà trouvé à plusieurs reprises sur d’autres villages. Les Devulder font aussi partie de la famille Vanheegher-Blanckaert : Baudouin Vanheegher était marié avec Jeanne Devulder certainement une grand tante de Louis Julien, ils ont donc eu la faveur pour l’exploitation du moulin. Son frère Pierre François est à l’origine d’une grande lignée de meuniers à Buysscheure (voir Yser Houck n°26). Louis Julien exploitait le Brabant Meulen depuis quelques années, il habitait à quelques dizaines de mètres de là sur la commune d’Esquelbecq. Comune où il exercera plus tard son métier après avoir placé vers 1800 l’un de ses fils sur le moulin de Zegerscappel : Pierre Cornil DEVULDER marié à une Blanckaert ! Un autre fils s’installera sur un moulin à Crochte, un autre encore à Bissezeele (deux enfants étaient nés à Esquelbecq, les 11 autres naîtront à Zegerscappel). Pierre Cornil loue la moitié du moulin aux Vanheegher comme le confirme le bail du 21 février 1821 enregistré sous seing prié (non établi devant un notaire, cote ADN 3Q78-13) et loue l’autre moitié verbalement aux Blanckaert. Après son décès, son fils, Pierre Dominique DEVULDER continuera de faire fonctionner le moulin. Il faudra attendre 1831 pour que les choses se clarifient vraiment lors de la licitation (vente aux enchères par les copropriétaires d’un bien en indivision) du 29 avril 1831 (cote ADN : J1820/32) et de sa liquidation du 30 juin de la même année (même cote). Cette licitation ne concerne que les biens Vanheegher donc la moitié du moulin. Les copropriétaires sont alors les petits-enfants voire les arrières petits-enfants de Jean Vanheegher ; certains copropriétaires sont morts, d’autres mineurs ont des tuteurs, d’autres encore ont racheté une part à un cousin etc., les dossiers à aux seuls représentent 100 pages d’écriture… une aubaine pour les notaires ! Les biens sont divisés en 38400 parties et suivant leur lien de parenté chaque copropriétaire a une proportion (en 38400ème) du bien. Le bien qui nous intéresse ici revient en partie par héritage, en partie par achat à Thomas Barthélemy BLANCKAERT arrière petit-fils de Jean Vanheegher mais aussi descendant de Thomas Blanckaert ; Il avait déjà alors 27720/38400ème de la moitié du moulin Vanheegher et nous apprendrons plus tard qu’il avait acquis l’autre moitié le 26 avril 1828 chez maître Haeu à Steenvoorde à Rose et Marie Catherine Ryckenbusch probablement détentrices de la part des Blanckaert. Son rôle de propriétaire exclusif nous est confirmé par les matrices cadastrales, il était épicier puis meunier et enfin cultivateur à Esquelbecq.

 

Extrait du cadastre de 1852 ; section C 2ème feuille n°488 : moulin à vent, n°493 : moulin à cheval

Ce bien, il le revendra aux enchères le 24 janvier 1863 (cote ADN : J1820/264), il est composé au total de 4ha 5a 3ca dont l’article premier « 1ha 49a 45ca de terre à pâture, jardin et motte de moulin avec les bâtiments d’habitation et d’exploitation et un moulin à vent à moudre blé nommé Brabant Meulen formant une partie irrégulière s’étendant du levant au couchant, tant du Nord et du Levant à la becque dit l’Yser, du midi au chemin dit Nagelstraete ». La mise à prix de 20 000 F est surenchérie une seule fois à 25 000 F, le bien est adjugé à Constant Amand Fidèle DUYCK alors aubergiste à Esquelbecq. On apprend aussi qu’il est loué depuis 1858 à Charles Louis Théophile DUBOIS pour 900 F par an et un « pot de vin de 450 F » ! Charles Dubois nous vient de Wormhout, il est le beau-frère de l’acquéreur. Constant Duyck viendra s’installer sur sa propriété et deviendra meunier, ce qui ne semble pas lui convenir puisqu'une partie de sa récente acquisition dont le moulin à vent est revendue dès le 16 mars 1869 (cote ADN : J1820/273). Et il revient aux Devulder, c’est le fils de Pierre Dominique qui l’achète : François Dominique Martin DEVULDER, qui a alors 40 ans, était cultivateur à Zegerscappel et devient propriétaire du moulin où ont exercé ses ancêtres. Son bonheur sera cependant de courte durée puisqu’il se voit obliger de revendre son bien le 11 juin 1879 aux enchères (cote ADN : J1820/287), bien qui était déjà hypothéqué pour 2200 F. Cette vente se fera à la bougie en la mairie de Zegerscappel, l’article premier qui nous intéresse sera vendu 6600 F (il l’avait acheté 10000 F dix ans plus tôt !) à un propriétaire de Saint Omer : Emile Eugène CLARISSE. Il pourra cependant continuer à l’exploiter jusqu’à sa mort et son fils encore quelques années : Henri Emile Edouard DEVULDER qui deviendra ensuite boulanger. Ceci jusqu’en 1889 où la matrice cadastrale nous indique « démolition », mais d’après les recherches du fils d’Emile, Pierre Paul Emile Devulder (1910-1983) et grâce à l’aide aimable de son épouse Vicky , nous avons découvert qu’il a été non pas démoli mais démonté et transporté à Fort Mardyck. Pierre précise qu’on pouvait voir gravé à l’intérieur les noms des différents Devulder qui l’ont occupé.

Cette photo est la photo du moulin Devulder à Zegerscappel, il est ici plus probablement delà installé à Grande-Synthe (photo Pierre Devulder, généalogiste de la famille.

Jean Marie MUYLS de Grande-Synthe, passionné d’histoire locale, nous confirme que ce moulin fut bien remonté non pas à Fort-Mardyck mais juste à côté sur le territoire de Grande-Synthe, racheté par M Ropitaal.
Nous avons rencontré l’arrière petit fils de ce dernier, René ROPITAL.
Louis Benjamin ROPITAL né e 1844 à Cappelbrouck s’engage dans la garde républicaine en 1865, il se fiance avec Emma Joséphine HONDEMARCK sœur d’ Alfred Gustave meunier à Cappelbrouck, qui n’a pas grande envie d’épouser un gendarme. Benjamin Ropital quitte donc son uniforme, se marie avec Emma, s’installe sur un café à Fort-Mardyck puis en rachète un à Grande Synthe en 1883. Il était aussi démarcheur en farine et avait donc une bonne connaissance des moulins du secteur, il a du avoir écho de l’arrêt de celui de la Cloche. Conseillé par son beau-frère, à une époque où les moulins n’étaient pas encore en régression, de plus Grande-Synthe n’en possédait que deux, il se lance, rachète le moulin Devulder et l’installe près de son café le 15 mai 1888 avec l’accord du conseil municipal de Grande-Synthe. De ses six enfants, c’est Isidore Benjamin ROPITAL qui succède à son père ; son épouse reçoit un petit pactole suite au décès de son père pêcheur en Islande. Cet argent leur permet de mettre en état le moulin qui sera alors considéré comme l’un des plus beaux du secteur. François Ernest Désiré ROPITAL fils d’Isidore en sera le dernier meunier. Le moulin sera détruit par les Allemands le 20 septembre 1944, une mine l’a fait exploser ; les Allemands craignaient, à juste titre sûrement, qu’il ne serve par la position de ses ailes à donner des indications aux libérateurs.

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La photo ci-contre exceptionnelle prise du clocher de l’église daterait de l’hiver 1896, on y voit deux moulins, leurs ailes sont mises en évidence par des rayures faites sur le verre de protection de la photo.

Le moulin visible à droite de la vue est le moulin dit « de Zegerscappel » et plus tard « de la place »; il appartenait aussi à une seigneurie : la seigneurie de Zegerscapple, fief vicomtier tenu de la cour de Cassel comportant 42 mesures de terre ; Ce fief provenait de la famille DE ZEGGERS-CAPPEL. La sœur de Roland de Zeggers-Cappel, Jeanne en hérite en 1635, elle épouse Adrien de la Tour de la seigneurie du même nom à Noordpeene. Ce moulin en possession des DE LA TOUR appartient pour un cinquième au début du XVIIIème siècle à Xavier DE LA TOUR ; le bailli de la seigneurie de la Tour est Michel DUVET (1672-1729). Au décès de Xavier de la Tour vers 1730, la seigneurie est endettée et en février 1736 , elle est en vente. Joseph DUVET (1700-1803) bailli se Staple/Bavinchove, fils de Michel l’achète pour 38600 florins avec le cinquième du moulin (500 florins). Nous ne savons pas qui est le meunier à ces époques, le premier est repéré grâce au document de localisation des moulins du district de Bergues en 1791 (cote ADN : L5915) où est indiqué occupeur Philippe STERCKEMAN. Sa présence est confirmée par le dénombrement de 1795-96 (cote ADN : L1340) où l’on apprend qu’il est l’époux de Marie Magdalene GOMME et qu’il est arrivé à Zegerscappel depuis 12 ans soit en 1783. Ce même Sterckeman, nous le retrouvons à la vente des biens nationaux à la date du 27 floréal an III : 17 mai 1795 (cote ADN : 1Q68) où sont vendu les biens de l’émigré Charles Eugène Bernard DEBRIAS, d’Hesdin.

L’article 12 qui nous intéresse est constitué « d’une demie mesure de terres en jardinages ou est construit une maison, moulin à vent. Et autres édifices… », le cinquième du dit moulin appartient à Joseph Duvet de Noordpeene. La mise à prix de 7500 livres sera enchérie par une seule personne Philippe Sterckeman à 7800 livres. Il est le fils de Matthieu Sterckeman et Mariane Top d’Esquelbecq, il achète le cinquième du moulin manquant le 16 nivôse an XII (8 janvier 1804) à Jean BOUVET de Staple, ce dernier étant certainement héritier de Joseph Duvet qui vient de mourir.

Ceci nous est indiqué dans l’inventaire dressé après le décès de l’épouse Sterckeman le 2 octobre 1810 (cote ADN : J1820/180). Le couple Sterckeman/Gomme (ou Degomme) n’a pas d’enfant. On y apprend que les biens qui nous intéressent furent acquis pendant leur mariage et qu’ils sont occupés par Jean Pollyn, petit neveu de la défunte (son grand-père était Matthieu Degomme frère de Marie). Philippe, l’époux, peut garder tous les biens en jouissance jusqu’à son décès, qui aura lieu six ans plus tard à Esquelbecq. Un nouvel inventaire est fait le 26 décembre 1816 par maître Vanhoutte d’Esquelbecq (cote ADN : J1820/196) à la requête de Florentine RICOUR sa nouvelle épouse. Sans héritier direct, le partage des biens acquis durant son mariage avec Marie Degomme se fera moitié pour les neveux, petits neveux de Marie et moitié pour la sœur, neveux et petits neveux de Philippe Sterckeman. Les Degomme cohéritiers décident de vendre leur part le 3 février 1817 (cote ADN : J1820/197), Jean Martin Matthieu POLLŸN achète alors la moitié du « … moulin à vent à moudre le grain, appendances et dépendances, maison et autres édifices… » ainsi que la même part des terres attenantes (53a 64ca) pour 2000 F.
Ce Jean Pollÿn natif d’Hondschoote est noté à plusieurs reprises « meunier » sur le registre d’état civil entre 1810 et 1822 à la naissance de ses 7 filles à Zegerscappel. Il revendra son acquisition le 17 juillet 1823 à Matthieu François Dominique MEENS qui en deviendra meunier à son tour, il était déjà noté « garçon meunier à Zegerscappel » en 1818 ; ses parents Mathieu Jacques Jean Meens (1746-1805) et Anne Marie Thérèse DESOUTTER (1746-1792) étaient comme son grand-père des zegerscappelois de souche, le père de Dominique exerçait la profession de maréchal-ferrant. Dominique Meens achètera aussi la moitié dévolue aux héritiers Sterckeman le 7 mars 1829 chez maître Dhont à Rubrouck (cote ADN : J1607/56) ; le moulin de Zegerscappel nommé maintenant « moulin de la place » aura ainsi enfin un seul propriétaire qui de plus en assurera le fonctionnement, au moins au début, puisqu'après on le qualifie aussi de « marchant épicier » ou « cabaretier ». Et en effet il loue son moulin en 1838 à Louis Benoît DEVULDER fils de meunier et frère de Pierre Dominique exerçant alors au moulin de la Cloche . On apprend dans ce bail (cote ADN : J1820/236) que Louis Devulder était auparavant ménager à Zegerscappel, que les biens loués se composent de « … 17a 65ca avec un moulin à vent à moudre blé, moulin à cheval, appendances et dépendances et une maison et autres bâtiments y existant… » que « le tout présentement occupé par le dit sr Meens… » qui « … se réserve la faculté :
1°) de puiser de l’eau dans l’étang qui se trouve en partie sur le terrain présentement loué et
2°) de cuire leur pain dans la cuisine à cuire qui se trouve faire partie des bâtiments compris dans la location faite au sr Devulder. »

Dominique Meens peut ainsi s’occuper du cabaret qu’il a nouvellement fait bâtir au coin de la rue. Louis Devulder en restera locataire jusqu’au 20 octobre 1852 où il s’installera sur un autre moulin à 300 m de là. Dominique Meens a alors trois enfants en vie : deux filles Rosalie Cécile Virginie (née en 1820) et Rosalie Sophie (née en 1825), et un fils Henri Dominique Pierre MEENS alors en âge de reprendre le moulin, il a 23 ans ; il en deviendra propriétaire au décès de sa mère en 1855 et lors du « partage anticipé des biens dépendants de la communauté Meens-Boone » le 25 août 1855 (cote ADN : J1820/254). Le partage se fait à part égale aux trois enfants qui doivent en contrepartie verser chacun une rente viagère de 200 F par an à leur père. Henri reçoit le lot n° 1 d’une valeur de 6600 F composé du moulin, maison bâtiment et cabaret avec 52a 87ca de sol, pâture jardin et terre. Ce bien restera possession d’Henri Meens jusqu’à l’aube du XXème siècle, il sera cependant aidé à la tâche par deux de ses fils : Théophile Théodore MEENS (1854-1934) qui deviendra meunier à Quaëdypre, et Aimé Constant Auguste MEENS (1861-1930) lui meunier à Steene puis à Leffrinckoucke.
Le moulin sera vendu le 1er août 1898 à Jérôme ROUSSOU fils de Charles Louis que nous avons trouvé meunier à l’Heyde Meulen ; le contrat de vente communiqué par une petite fille de Jérôme nous précise qu’au moment de l’achat Jérôme est garçon meunier habitant Saint Pierrebrouck d’où est native son épouse. Le prix de 4000 F demandé concerne le moulin, maison à deux demeures, grange et autres bâtiments sur 17a 65ca en sol de bâtiments et jardin. La matrice cadastrale nous dévoile que le moulin avec deux ouvertures imposables est démoli en 1907, date corroborée par le guide Ravet Anceau qui mentionne J. Roussou meunier pour la dernière fois en 1906.

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Le moulin suivant, le dernier apparaissant sur la carte de Cassini, est celui de gauche sur la photo de 1896, année où il n’était déjà plus à son emplacement initial. Il était situé initialement au Rysselberg qui pourrait se traduire « Mont de Lille », pour quelle raison ce lieu dit se nommait il ainsi ? Allusion à un ancien propriétaire, une ancienne seigneurie ?
Le premier meunier/propriétaire trouvé ne nous est pas inconnu puisque nous l’avions découvert sur le moulin dit « Devulder » de Buysscheure (voir Yser Houck n°26) de 1738 à 1742 ; il s’agit de Jean DE SPICHT (1717 à Wallon Cappel-1765 à Zegerscappel). Sa présence nous est attestée pour la première fois en temps que meunier à Zegerscappel en 1753 au décès d’un de ses fils Jean à l’âge de 16 ans mais il y était probablement dès son départ de Buysscheure vers 1745. Marié à Bollezeele en 1737 avec Marie Marguerite VANTORRE (1711-1788) native de Volckerinckhove, Jean décédera le 17 novembre 1765 à l’âge de 48 ans. Son fils aîné Charles DE SPICHT (1738-1783), 27 ans assure le fonctionnement du moulin jusqu’à son mariage en 1767 avec Marie Josèphe VANBALINGHEM mais ne semble pas être épris du métier ; il rejoindra le trépat jeune à 45 ans. Aucun Despicht n’apparaît meunier les 25 années suivantes, la mère assurera peut-être la gestion du moulin aidée par un meunier habilité, en effet le recensement des moulins du district de Bergues de 1791 à l’an III (cote ADN : L5915) précise occupeur Pre WINIS. Mais dès 1795, c’est à nouveau un Despicht qui le fait fonctionner ou plutôt une Despicht comme nous l’indique le dénombrement de Zegerscappel de 1795/96 (cote ADN : L1340) : « Thérèse Despicht meunière à Zegerscappel ». Il s'agit ici de Catherine Bernardine Thérèse DE SPICHT née le 8 avril 1771 de Charles. Elle sera bientôt secondée par son mari, expert en la matière puisqu’il fait partie d’une famille de meuniers que nous avions trouvée à Bollezeele (voir Yser Houck n° 31) : Jacques Cornil Victor TOP, qu’elle épouse à Zegerscappel le 10 septembre 1802 ; lui même était meunier à Bollezeele tout comme son père Jean Jacques TOP. Il assurera la transition jusqu’à ce que son beau-frère puisse à son tour faire tourner la mécanique : François Robert DE SPICHT (1778-1848) qui se marie le 10 janvier 1809 avec Marie Isabelle Thérèse FERMON (1787 à Looberghe-1845 à Zegerscappel). Ils auront 15 enfants, 8 n’atteindront pas leurs 4 ans et aucun n’assurera la relève au moulin du Rysselberg. François Despicht se retirera vers 1836 et finira ses jours à Eringhem. Les matrices cadastrales nous confirment cette cessation d’activités des Despicht ; en 1837 il y est noté une mutation entre « Despicht Jean les enfants » et François Jacques MORAEL, médecin à Wormhout. Il est fort probable que le meunier en devienne alors Augustin Joseph MORAN (1798 à Petite Synthe-1872 à Zegerscappel) qui est noté « meunier… au centre de la commune » entre 1839 et 1845. Il était meunier à Crochte avant d’épouser une zegerscappeloise Marie Thérèse VANDENKOORNHUYSSE (1802-1869) et deviendra ensuite cultivateur à Zegerscappel. Le tableau indicatif de 1852 nous précise le nom du propriétaire et qu’il s’agit d’un moulin de première classe avec un revenu annuel de 120 F, avec deux ouvertures imposables. L’occupeur est alors Pierre Jacques François WALSPECK (1808 à Ochtezeele-1873 à Zegerscappel) il arrive semble t-il sur le moulin vers les années 1840 avec son épouse Martine Sophie Reine DENECKER (1814 à Eringhem-1872 à Zegerscappel) et y restera jusqu’à sa mort. Son fils Pierre Augustin Louis WALSPECK qui a alors 28 ans poursuivra quelques années encore le travail de son père avec sa femme Eugénie Stéphanie Coralie VANPEENE. Dix ans plus tard, la matrice cadastrale donne pour propriétaire Aimé Folquin DESMYTTÈRE à Cassel, elle nous indique aussi qu’en 1887 le « le moulin vendu est transporté de la parcelle n° A1480 sur la parcelle A1316 » à 300 m de distance.
La seule trace trouvée de cette époque qui pourrait attester ce déplacement est dans les tables de l’enregistrement du canton de Wormhout où est noté la vente d’un « bâtiment » par Aimé Desmyttère propriétaire à Cassel, cette vente fut enregistrée le 11 février 1887 « ssp » : sous seing privé, faite donc sans acte notarié, il pourrait s’agir ici du moulin.

Le moulin du Rysselberg après son déplacement. Sur le haut des marches Paul Vanhaecke (photo communiquée par son neveu Jean-Marie Vanhaecke).

Le déplacement d’un moulin était assez fréquent à cette époque, nous avons déjà eu plusieurs fois l’occasion de l’évoquer, il est confirmé par des anciens habitants du village et le « Lion de Flandre » d’octobre 1932 nous le rappelle « si vous tenez à le voir, allez vous promener dans la direction du Rysselberg, sur la Keurstraat, vous verrez bientôt, entre la Clé des champs et l’Eisak, cet intéressant monument rustique qui étend ses longues ailes sur la campagne environnante. Ce moulin à vent a toute une histoire et il eut mérité d’être représenté sur l’affiche illustrée du pèlerinage du 24 juillet à côté des monuments historiques de la commune. C’est un windmolen baladeur comme tant d’autres du canton voisin de Bourbourg. Il y a cinquante ans, alors qu’il appartenait à Baas Walspeck, il était planté sur la crête du Rysselberg, mais un beau jour, Adolphe Ganoote, qui se contente actuellement de porter gaillardement ses 85 ans et son honorable titre de doyen des habitants de la commune, se chargea avec l’aide de quelques compagnons de tirer le moulin par les pieds et de le traîner jusqu’à l’emplacement actuel ou il doit se trouver très bien puisqu’il se plait sans cesse à tourner suivant le caprice des vents. Ce beau moulin a eu l’honneur de figurer par deux fois à l’exposition de Bergues en 1931 ».
A cette époque, comme nous l’indique le journal, c’est René Richard Gustave VANHAECKE (1862-1945) qui l’exploite, ce Vanhaecke est issu d’une très vieille et très grande famille du village, cultivateurs de père en fils ; René épouse le 5 juin 1889 Eugénie Octavie Louise VANBALINGHEM de cinq ans sa cadette, il s’installe sur la ferme Vanbalinghem où se trouvait à priori depuis peu le moulin, il s’agirait donc d’un achat fait par le père d’Eugénie Vanbalinghem. René Vanhaecke, en plus de la ferme, s’occupera aussi du moulin, il sera aidé par ses fils : Paul Jean Daniel VANHAECKE (1902-1977) qui ira s’installer sur une autre ferme du village et Lucien VANHAECKE né en 1909 qui lui n’avait pas la fibre meunière. Le moulin cessera donc de faire de la farine en 1934 pour être démoli l’année suivante, les pièces les plus intéressantes furent vendues.

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Le moulin suivant le « Ghevelveld meulen » qu’il est difficile de traduire, n’est pas dessiné sur la carte de Cassini de 1758, son apparition est donc plus récente. Le propriétaire/meunier trouvé est Matthieu Louis Jacques VANOOSTEN (1739-1825) qui figure sur le recensement des moulins du district de Bergues déjà cité. Il est aussi spécifié « meunier » à plusieurs reprises sur le registre paroissial et ceci à partir de 1763, année de son mariage avec Marie Françoise DAENES, fille de Pierre DAENES (1707-1769) qui est lui-même meunier depuis vingt ans à Zegerscappel et qui se remarie en même temps que sa fille avec la mère de son beau-fils, Anne Thérèse VANELSCHE veuve de Jacques VANOOSTEN (1702-1761) décédé à Zegerscappel « meunier ». Tout ceci est bien compliqué, on va donc se risquer à quelques conclusions. Pierre Daenes, marié une première fois avec Marie Anne VASSEUR puis une deuxième fois le 1er août 1747 avec marie Jeanne PIERENS (1722 à Pitgam-1753 à Zegerscappel) s’installe sur un moulin de Zegerscappel l’année de ce mariage, peut-être sur le Brabant meulen où nous n’avons pas de meunier à cette époque mais pourquoi pas sur le moulin de la place !
Jacques Vanoosten décède le 20 février 1825 meunier aussi à Zegerscappel, c’est sûrement lui qui est installé sur le Ghevelveld meulen et lui qui l’a fait construire quelques années avant, il venait de Saint Sylvestre Cappel.
Sa veuve Anne Thérèse Vanelsche épouse en 1763 Pierre Daenes à nouveau veuf, ce dernier s’éteindra en 1769. Il fut donc meunier de 1747 à 1769, justement l’intervalle de temps où nous n’avons pas de meunier au Brabant meulen ! Le fils de Jacques, Matthieu Vanoosten continue l’œuvre de son père jusqu’en 1793 où il vend le moulin à Jean DE SLUYPPER (1753-1823), lui continuera d’être fermier à Zegerscappel. Jean De Sluypper natif d’Esquelbecq habitait déjà Zegerscappel, il exploitera le moulin quelques années avant de le revendre le 27 mai 1800 à trois célibataires, beaux-frères et belle-sœur de Matthieu Vanoosten qui sont bourrelier (profession liée au travail du cuir) : Philippe Ambroise MECQINIONMarie Rose MECQINION et Louis MECQINION. Leur père Philippe Jacques MECQINION (1716-1791) natif de Bergues s’était installé bourrelier à Zegerscappel après son premier mariage avec Marie Marguerite KIECKEN (1719-1756), veuf, il se remariera en 1756 avec Jeanne Thérèse DEMOL (1728-1766) puis veuf encore, avec Marie Catherine Folquine DESMYTTERE (1734-1770). Ses quatre enfants installés certainement au Ghevelveld, Marie avec Matthieu Vanoosten sur le moulin, les trois autres issus chacun d’une mère différente dans la bourrellerie. Ces trois derniers voient certainement d’un mauvais œil l’arrivée de De Sluypper et lorsque ce dernier décide de revendre le moulin nouvellement acquis, ils l’achètent ensemble. Louis Mecqinion se marie le 26 novembre 1806 avec Marie Pétronille LEWINTER (1779-1826) de Bierne où son père Louis Benoît LEWINTRE est meunier. C’est peut-être ce dernier qui incite Louis à le devenir, Philippe et Marie Mecqinion continueront à s’occuper de la bourrellerie voisine. Louis rachète la part de son frère et de sa sœur le 17 février 1810 (cote ADN : J1820/178). Vers 1838 il se retire et s’installe à Bergues mais la relève est déjà assurée par ses fils Philippe Louis MECQINION d’abord qui se fera meunier à Brouckerque mais surtout par Reginald Albert MECQINION (1813-1885). A la mort de leur père, le partage des biens se fait le 22 juin 1841 (cote ADN :J1820/239), ses trois enfants se partagent les 30 000 F estimés des biens. Reginald hérite notamment de l’article premier « 52a 95ca de terre, pâture, jardin, motte de moulin avec les bâtiments d’habitation et d’exploitation et un moulin à moudre blé nommé Gevelveld meulen… » qu’il avait déjà en bail ; ce lot étant plus important, il paie le complément à ses frères et sœur.

Extrait du cadastre de 1852

A son décès, la matrice cadastrale nous donne propriétaire Jules Auguste Amand Léon MECQINION noté « cultivateur », mais il était aussi meunier avec son frère Louis Aimé Désiré MECQINION (1841-1919). Le moulin avec ses « trois ouvertures imposables » y est indiqué « démolition » en 1901. Les Mecqinion iront s’installer sur un moulin à Ambouts Cappel. A noter que les Mecqinion orthographié « cqi » sont peu nombreux d’après les données de l’INSEE :
– entre 1891 et 1915 : 7 naissances (7 Nord)
– entre 1915 et 1940 : 4 naissances (3 Nord-1 Pas de Calais)
– entre 1941 et 1965 : 14 naissances (9 Nord-2 Pas de Calais-3 Yvelines)
– entre 1966 et 1990 : 10 naissances (5 Nord-5 Val d’Oise)

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Les derniers moulins n’apparaissent qu’au XIXème siècle et auront une courte existence. Le premier figure bizarrement sur le cadastre de 1852 non pas dessiné mais écrit « Au Moulin Devulder », on pourrait penser comme certains l’ont d’ailleurs écrit que cela faisait référence à un ancien moulin disparu. Mais pas du tout, ce moulin arrive bien d’on ne sait où en 1852 au Spreewkot et c’est bien un Devulder qui l’exploitera. Le tableau indicatif de 1852 nous donne les renseignements suivants : Propriétaire des n° A729 à A732 : Edouard BLANCKAERT qui occupe lui-même les n° A729 et A720, les A731 et A732 sont occupés par Louis Devulder meunier à Zegerscappel. Sur le n° A732 d’une contenance de 4a 14ca est à la fois noté un moulin à 3 ouvertures imposables de 3ème classe et d’un revenu annuel de 40 F (moulin d’assez piètre qualité) et une maison avec 8 portes et fenêtres. Ce moulin était-il contre la maison ? Il s’agit pourtant sûrement d’un moulin à vent, il est d’ailleurs clairement dessiné sur le plan général de la commune établi pour la voirie en 1879 (cote ADN :O664).Ce Louis Benoît DEVULDER est celui qui était meunier au moulin de la place repris par le propriétaire, le fils Meens ; il a donc du quitter les lieux et s’est trouvé un moulin qu’il a installé au Spreewkot. Il laissera bientôt la place à son fils, lui se retirera à Looberghe ; ce fils Pierre Dominique DEVULDER (1825-1892) deviendra d’ailleurs propriétaire des lieux en 1862, il est l’époux de Rosalie Fidèle Louise PAEPAGAEY (1827- ?). La matrice cadastrale nous dévoile la triste fin : « incendie en 1884 » et « démolition en 1885 », il n’aura ainsi existé que 43 ans.

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Un autre moulin apparaît lui plus clairement sur le cadastre de 1852 au Eringhem houck, à quelques dizaines de mètres de l’églised'Eringhem, là aussi apparition spontanée, le tableau indicatif nous dévoile propriétaire du n° A1715 Charles François VANDERSTRAETEN négociant à Lille et comme occupeur Augustin MENEBOO cultivateur à Eringhem. Une matrice cadastrale nous précise quand même au n° A1715 « moulin deuxième classe, revenu annuel 80 F ». Cet Augustin Meneboo est peut être le fils ou plus sûrement le petit-fils d’Augustin Meneboo (1732-1808) marié à Constande DESPICHT (1742-1822) dont le neveu vient de quitter le moulin du Rysselberg situé à 300 m de là. Ce moulin ne tournera pas longtemps puisque dès 1884 il est noté « démolition » alors qu’il n’apparaît plus la carte de Zegerscappel de 1879 !

Extrait du cadastre de 1852

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Le dernier moulin battra tous les recors de présence minimale à Zegerscappel puisqu’il n’y subsistera que 13 ans. Il ne figure sur aucun cadastre mais sa présence est heureusement mise en évidence sur le plan général de la commune de 1879. Il se situe « chemin de Watten ». Les matrices cadastrales nous confirment aussi sa présence au n° A1325 : « moulin à vent 37a 40ca 2 portes et fenêtres imposables 1ère classe revenu 30 F ». L’année d’entrée du moulin est 1872, le propriétaire est Jacques DESWARTVAEGHER cultivateur à Zegerscappel puis Charles Louis ROUSSOU en 1884. Charles Roussou qui a quitté l’Heyde meulen et est remarié avec Eugénie Delphine DESWARTVAEGHER sûrement la fille de Jacques. Le frère de Charles Benoît ROUSSOU (1833- ?) est charpentier de moulin à Arnèke, cette même profession qui lui sera attribuée sur son acte de décès le 25 novembre 1888. C’est donc ainsi probablement lui-même qui récupère un moulin on ne sait où et l’installe ici, peut-être est-ce l’Heyde meulen ou celui situé Eringhem houck car à quelques années près leurs disparitions coïncident avec l’apparition de celui ci ! Ce moulin est noté « démolition » en 1885.

Plan général de la commune de Zegerscappel de 1879 où apparaîssent 7 moulins à vent sur la commune (entourés sur la carte ; cote ADN : O664).

Zegerscappel qui a connu un moulin à eau, huit moulins à vent, deux moulins à cheval devrait se nommer Zegersmeule et on comprend que ses habitants étaient particulièrement protecteurs de leurs meuniers comme en témoigne leur cahier de doléances établi le 28 mars 1789, à l’article 26 « qu’il soit défendu aux meuniers étrangers de venir quêter sur cette paroisse » ; « quêter » signifiant ici « chercher » du grain, la commune en comptant cinq à cette époque !

Quelques autres meuniers trouvés sans attribution de moulin :
* André SALOMÉ ( ? à Proven- ?) marié à Marie Rose BLONDEEL ( ? à Herzeele- ?) meunier de 1737 à 1740.
* Jacques Folquin VANDEVOORDE (1773 à Esquelbecq- ?) marié à Bernardine Folquine Thérèse HAMEZ (1779 à Esquelbecq- ?) meunier de 1802 à 1809.
* Léonard VERCRUYSSE (1808- ?) marié à Rosalie Sophie Emilie CAPELLE (1821 à Zegerscappel- ?) meunier de 1861 à 1866.