Souvent notre regard est attiré par le passage lent et majestueux d’un héron ou bien encore nous sommes surpris par son envol d’une mare toute proche.
Le héron très présent dans notre environnement est cependant bien méconnu. Il vient de Clairmarais et d’Eperlecques, ses visites sont liées à la présence de nos mares, espérons qu’il ne disparaîtra pas avec elles.
Clairmarais, un matin de fin février ou début mars, des arbres surtout des chênes, un terrain humide et calme. Regardez, il arrive : les grandes ailes du héron cendré battent l’air lentement avec une régularité parfaite, le cou est replié, les pattes sont dans le prolongement de la queue, un vol superbe!
Il décrit un large demi-cercle et vient se poser sur l’une des plus hautes branches près de l’endroit où il a niché l’an dernier. C’est un oiseau échassier de grande taille, 1m50 d’envergure environ, de la famille des ardéiforme : Arda cinerea. On connaît des espèces plus petites : le héron pourpre qui vit généralement dans l’est, les grand butors étoilés et les petits butors qui, de par leur taille nichent plutôt dans les roselières.
Quelles sont les conditions de vie du héron cendré? Sans doute faut-il commencer par un peu d’histoire : il y a de ça quelques 200 ans, le héron cendré vivait en colonies dans les marais. Il a depuis connu des fortunes diverses. Dans un premier temps, il a été déclaré « nuisible » puis classé dans la catégorie « gibier ». Avez vous déjà goutté du héron? Bien que volatile pacifique, sa chair est loin d’être tendre avec un goût prononcé de vase. Enfin et fort heureusement, son seul tort étant de ne pas en avoir, l’espèce est protégée depuis 1978…
Quelle est sa nourriture? simple : insectes, limaces, musaraignes d’eau, une taupe de temps en temps, quelques œufs de nichées de poules d’eau voisines ( d’autre oiseaux, telles les corneilles lui rendent la pareille au moment des pontes) et aussi des poissons. Son lieu de prédilection étant sans doute, les pisciculteurs de l’Aa. Depuis quelques années, les chiens mais avant tout des piquets espacés d1m20, tendus de fils coupent nets et son élan et son envie.
Il s’alimente alors dans les mares et les rivières, malheureusement pour lui, parce qu’il possède d’efficaces sucs, gastriques et ne régurgite qu’une petite pelote de déjection mal formée, contenant des poils de souris et quelques os, il avale tout, si la rivière est polluée (pesticides, métaux lourds…), les conséquences sont alors celles que vous connaissez. Ce n’est pas le seul problème du héron cendré. Son habitat est fortement menacé. Pour vivre et se reproduire, il niche le plus souvent dans des chênes. Or, 1’0,N.F, (office National des Forêts)régénère des parcelles où les arbres mauvais reproducteurs sont enlevés ainsi que les taillis sous futaie pour laisser les arbres semenciers, lorsqu’il y aura une bonne glandée, ceux-ci seront abattus à leur tour .Autre difficulté pour notre héron, la forêt de Clairmarais était entourée de prairies humides, L’assèchement commencé au Moyen-âge par les moines, se poursuit de façon intensive aujourd’hui : remembrement et pompage du bassin de l’Aa qui créé des fluctuations d’eau de 20 à 30 cm, A nouveau sol drainé, nouvelle flore et nouvelle faune. Le héron ne trouve plus La nourriture qui lui convient. Comme de nombreuses espèces, il est incapable de s’adapter. Le pourrait-il, lui en laisserait-on le temps ? Imaginez qu’un changement de cet ordre nécessite des centaines de siècles..,
Le marais asséché, parcouru de routes et entouré de constructions est loin d’offrir le calme et la sécurité lors de la reproduction. Le héron construit son nid à plus d’ 1m80 du sol, Placé à là fourche d’une branche maîtresse, la héronnière est garnie de paille et d’herbes sèches, Le héron utilise le même nid chaque année, augmenté de branchettes entremêlées, Celui-ci peut atteindre plus d’un mètre de diamètre et 30 cm d’épaisseurs, jusqu’au jour où la branche cède sous le poids.
Le mâle se charge de trouver la nourriture pour les petits, dans un rayon de 18 à 20 kms. Souvent, il construit à côté du nid, une aire de repos beaucoup plus petite. La femelle pond en moyenne 4 œufs par an et couve dès le 1er œuf. Si bien que le premier-né est d’abord nourri puis le second. Ce qui laisse avec les prédateurs et l’environnement bien peu de chance au dernier. Seul 1 voire 2 héronneaux deviendront adultes au bout d’une trentaine de jours, passant de l’aspect d’une boule de duvet grisâtre à un splendide oiseau au vol gracieux. En hiver, il s’envole vers le sud. Vers 1914, quelques oiseaux furent bagués, ils ont migré en Espagne, en Algérie et dans les territoires africains. La héronnière de Clairmarais ne reste cependant pas vide. En effet, les hérons venus de Hollande et de Belgique viennent passer l’hiver chez nous. Pas sans risques d’ailleurs, car si tout le littoral Nord est entièrement protégé, passée la frontière française, l’aventure commence. Mais que veut dire frontière pour des oiseaux qui depuis toujours vont sans passeport jusqu’au Sud africain ?