La Flandre est une région semi bocagère notamment la Flandre Intérieure où les haies entouraient les pâtures qui occupaient traditionnellement 1/3 des terres cultivées.
On ne sait pas quand s'est construit ce bocage. César explique que lors de la conquête de la région, il fallait franchir des haies qui retardaient l'avance des armées.
Par ailleurs, dans les tableaux des maîtres flamands du XVIe siècle n'apparaissent pas de haies mais des clôtures en bois. Il est possible qu'à cette époque, il n'y avait pas encore de pâtures permanentes aussi construisait-on des clôtures temporaires ou déplaçables.
Le bocage y est cependant sûrement ancien, on n'a pas eu ici comme dans d'autres secteurs (Avesnois ou Angleterre) une révolution agraire du XVIIIe siècle qui provoque la plantation de haies. Les haies flamandes étaient composées exclusivement d'aubépines plantées, les cultivateurs supprimaient systématiquement les autres essences qui pouvaient apparaître spontanément notamment le prunellier qui fait énormément de rejets.
Le rôle principal des haies est d'empêcher le passage du bétail et aussi éventuellement des humains. La tendance naturelle du tout végétal est de pousser verticalement vers la lumière, or des successions d'arbustes croissants verticalement n'empêchent pas de se faufiler entre eux. Pour rendre une haie efficace, il faut que les branches soient entrelacées ce qui ne s'effectue pas naturellement. L'homme y supplée, il plesse les haies. Les techniques sont nombreuses selon le type d'animal que l'on veut parquer (moutons, lapins, bovins).
La plok haeg consistait à incliner des plants de haies à 75° en les incisant fortement prés de la base en les couchant tous dans le même sens. Les plants inclinés étaient attachés entre eux avec des liens d'osier. Quand cela était nécessaire, on confortait le tout à l'aide de piquets de bois enfoncés dans le sol. Pour pratiquer cette technique, il fallait des arbustes relativement hauts (2,5 m ou plus) et qui pouvaient être d'un diamètre conséquent.
Pour le kruus haeg au contraire, il fallait des arbustes d'un petit diamètre et leur hauteur pouvait être faible (1,20 m à 1,50 m). Ici on inclinait légèrement les plants alternativement à droite et à gauche, dans l'alignement. On constituait ainsi des losanges qui étaient liés aux intersections par des liens d'osier. La Kruus haeg était moins « ébouriffée », plus élégante que la plaek haeg, elle était davantage pratiquée autour des jardins, des cimetières … Mais on la rencontrait aussi dans les pâtures. Elles y étaient fort présentes dans le secteur d'Herzeele-Bambecque.
Les cultivateurs et leurs ouvriers plessaient chaque année une partie de leur haie, c'est un travail long qui est plus facile à réaliser en duo. Les haies étaient ainsi reprises tous les 5 à 8 ans. Les haies le long des routes principales devaient en principe avoir une hauteur d'1,20 m à 1,40 m aussi fallait-il les raccourcir pratiquement annuellement, les autres haies restaient montantes ce qui permettaient quand on les reprenait d'en tirer du bois. Ce bois, dur, était lié en fagots qui chauffaient les fours à pain.
On utilisait essentiellement voire exclusivement un couperet (ohmes) pour plesser les haies et l'on enfilait des gants en peau très résistants (avec 3 doigts et un pouce).
Le plessage régénérait les haies car aux entailles que l'on pratiquait sur les arbustes apparaissaient de nouvelles pousses.
Aujourd'hui les haies sont beaucoup moins nombreuses et la pose de fils de fer barbelés rend leur rôle de barrière mois déterminant. Les plessages de haies ont presque disparus, l'association des plesseurs maintient cependant la tradition.
On replante heureusement parfois de nouvelles haies dites champêtres et l'on privilégie aujourd'hui de la constituer en mélanges de diverses variétés d'arbustes locaux. Cette haie plus variée est plus résistante en cas de maladies qui attaquaient une essence, elle est plus accueillante pour une faune variée, elle offre des paysages plus variés.
En tente ans, l'association Yser Houck a planté des dizaines de kilomètres de haies, vendus des centaines de milliers d'arbustes. Elle poursuit aujourd'hui son action, n'hésitez pas à la solliciter pour des conseils, des aides, des fournitures d'arbustes ou des plantations.