Broxeele, situé au confluent de l’Yser et de la Reine Becque (Koningine Becque), a son territoire limité en grande partie par ces deux rivières. L’eau loin d’être un bienfait, fut souvent un fléau pour le village, on se souvient encore de ces automnes où l’Yser et son affluent débordaient sur plusieurs centaines de mètres, noyant les récoltes, coupant les routes. Ces terres inondables « beekland » mal oxygénées depuis des millénaires sont difficiles à travailler.
L’idée de marais se retrouve dès l’origine du village, puisque Broxeele est la déformation de Broek-zeele, demeure (du seigneur) dans le marais. Un lieu-dit « paddle poel« , marais du crapaud rappelle également cette idée.
Le nom de Broxeele est d’origine franque mais la plus ancienne trace de l’homme dans le village est romaine, il s’agit de la route reliant Watten à Cassel, situé au sud de la commune.
Au VIIème siècle, les grands évangélisateurs tels que Winnoc ou Bertin parcoururent la région. Si l’on en croit un texte écrit au XIème siècle, un saint moins connu chez nous, Vindicien pasteur dans la région d’Arras-Cambrai, tomba malade à Broxeele en 610.
On retrouve de nombreuses mentions de Broxeele aux XIème et XIIème siècles grâce aux parchemins des abbayes ; les cartulaires de Watten citent Broxeele en 1072 (Broxeela), ceux de St Bertin en 1107 (Brucsela), en 1163 (Brusela). Ces orthographes nous rappellent Bruxelles, capitale de la Belgique. L’origine des deux noms est en effet identique (il existe également Brussels au Canada).
« Manneken pis » copie conforme de la mascotte de Bruxelles, offerte par la capitale de la Belgique à sa petite sœur de France.
Déplacé en 2011 , il est situé devant la mairie ( ancien presbytère)
Si le Bruxelles du Brabant est devenu une ville millionnaire, le Broxeele des Flandres est demeuré une des plus petites localités de la région. Le village qui ne s’étend que sur 377 ha est habité par 270 âmes (recensement de 1990), ce qui donne cependant une densité honorable, pour une zone rurale de 72 habitants au km2.
Les broxeelois ont su d’ailleurs très tôt tirer le meilleur parti de leur terre, puisqu’elle nourrissait déjà 145 habitants en 1469 (parmi lesquels seulement 6 étaient réputés pauvres) à la même époque Wulverdinghe comptait 70 habitants et Bollezeele 720.
Évolution de la population de Broxeele :
Cette population n’a fait que croître jusqu’au XIXème siècle. En 1737 Broxeele comptait 251 habitants, en 1801 elle atteint son maximum, 414 habitants puis la population décroît, en 1906 elle était tombée à 327, son chiffre minimum fut atteint en 1975 avec 190 personnes.
Malgré sa petite taille, Broxeele eut sa place dans l’administration de l’ancien régime. A partir du XIème siècle le comté de Flandre fut divisé en châtellenies (Broxeele fit d’abord partie de la châtellenie de St Omer, puis en 1287 elle fut rattachée à celle de Cassel), elles mêmes divisées en vierschaeres, l’une d’elle s’appelait Vierscharere de Broxeele ou West vierschaere, elle regroupait les villages de Broxeele, Lederzeele, Rubrouck et Volckerinckhove. La vierschaere de Broxeele subsista jusqu’en 1774. Par contre rien ne permet de penser qu’il y eut un jour un sire de Broxeele. Le seigneur de Broxeele fut souvent le comte de Flandre lui-même.
L’absence de seigneur dans la commune n’empêchât pas Broxeele d’être le théâtre de guerres. Notre histoire qui a oublié bien des destructions, a retenu que Broxeele fut ravagé par les Français en 1638 et détruit par les Espagnols en 1639.
Au début du siècle, le café de la mairie s’appelait encore « au Lion blanc », rappelant les armes du village.
Lors de l’épisode des gueux, durant les guerres de religion, l’église de Broxeele fut mise à sac le samedi 17 août 1566. Dans leur déclaration les habitants affirment que l’église est ruinée et parlent de la nécessité de la reconstruire.
Si depuis la révolution Broxeele n’a jamais été le champ de bataille, les enfants de Broxeele n’en ont pas moins abondamment versé leur sang, ainsi 14 soldats de Broxeele sont morts durant les guerres napoléoniennes et 14 autres durant la première guerre mondiale. L’histoire n’a pas gardé le souvenir de Broxeelois célèbre, si ce n’est Bauduin Feuts qui fut au XVIème siècle président du célèbre collège des Drieux à Louvain. Les registres de l’état civil de Broxeele qui subsistent à compter de 1566 révèlent une grande stabilité des habitants, ainsi dès les XVIème et XVIIème siècle, on trouve des Drieux, Deblonde, Damman, Devulder, Vitse… Autant de noms qui rappellent les racines flamandes du village, de même que les lieux-dits tels que Helstaeghe (haie d’aulne), Kerckovehouck (coin du cimetière), Meulleveld (champ du moulin), Samanke (badine), Bloemmare (fleur ?).
Peu de vestiges anciens subsistent à Broxeele. Un moulin, dernier d’une lignée qui remonte fort loin dans le temps puisqu’en 1486, ils est déjà fait mention d’un lieu-dit évoquant un moulin, en 1733 le curé note qu’en février « le tonnerre a rasé le moulin avec un terrible bruit », en 1746 Ingelbertus Desmytter d’Arnèke construisit un moulin à huile, en 1869 un moulin en bois s’effondre sur la maison du meunier, ils est reconstruit en briques, en 1876, c’est celui que nous pouvons encore voir et il mériterait largement d’être restauré.
Broxeele est un des villages du secteur qui a le plus changé de visage ces dernières années, de nombreuses habitations nouvelles ont permis à la population de se rajeunir et de croître. Mais peu de haies et d’arbres subsistent, rares vestiges de la forêt primitive et de notre « Houtland« , pays au bois. Le village doit son charme aux demeures anciennes et chaumières rénovées qui parsèment la campagne, ainsi que sa petite église et son presbytère, quant à lui un des plus grands du secteur.