Le village doit son nom à un certain Bollo, seigneur ou chef de tribus Franc qui établit son habitation en ce lieu ; zeele vient de sali qui est chez les Francs, l’habitation du seigneur.
Les Francs se sont établis vers l’an 600 dans notre région et la plupart des villages de notre secteur de l’Yser datent de cette époque. Ca doit être le cas de Bollezeele même si la première trace écrite date de 1101, avec le nom de Bolingesela puis en 1119 Bullingasela.
Avant l’arrivée des Francs le territoire de Bollezeele n’était cependant pas totalement vide d’habitants pour preuve ce vase de terre qui contenait 2000 pièces romaines du IVème siècle qui fut découvert dans un champ au XVIIIème siècle.
A égales distances des bourgs voisins, Bollezeele a du rapidement devenir un petit centre attractif. « Vijf uren van Duinkerke, vijf uren van Kales, drie uren van Kassel, drie uren van Burgburg, drie uren van Bergen, Bollezeele is Bollezeele » : « A 5 lieues de Dunkerque, 5 lieues de Calais, 3 lieues de Cassel, 3 lieues de Bourbourg, 3 lieues de Bergues, Bollezeele est Bollezeele » disait Joseph Dezitter artiste originaire de Bollezeele, mort en 1957.
Mais le nom de Bollezeele est surtout attaché à sa vierge, Notre Dame de la Visitation dont l’origine est liée à une source des bords de l’Yser. Son culte remonterait au XIVème siècle, on lui attribue de très nombreux miracles (le premier est cité en 1429), en 1510 elle délivra la région de la peste d’où une importante neuvaine longtemps fort suivie par les populations locales, au XIXème siècle 6000 communions étaient enregistrées durant la neuvaine.
Notre Dame de Bollezeele est sans doute en partie responsable du développement du bourg, de son érection en doyenné en 1680, de la création de son marché, de la prospérité des commerces et de la richesse de son église. La vierge fut couronnée en 1910, y assistaient plus de 100 prêtres et 15 000 personnes.
L’église primitive du XIIème siècle dédiée à Saint Wandrille a sans cesse été transformée et agrandie aux XVème et XVIème siècle. Terminée, hormis la tour, en 1483, elle a été réparée en 1606, agrandie en 1879-1880, la flèche endommagée durant les années 40 fut restaurée en 1949. Le cimetière qui entourait l’église fut déplacé en 1860 dégageant ainsi une vaste place aujourd’hui encore bordée de sobres maisons à un étage bâties avec régularité offrant des perspectives agréables.
Le joli hôtel de ville en néogothique flamand a été inauguré en 1933, il est l’œuvre de M. Cockenpot de Lille, derrière le bâtiment une seconde place accueillait les adeptes du jeu de Paume qui fut beaucoup pratiqué dans la région (une majorité de nos villages conservent encore une place du Jeu de Paume).
La maison de retraite aujourd’hui hostellerie Saint Louis fut ouverte en 1864. Fondée par Louis VANDENKERKHOVE, né à Volckerinckhove le 15 mai 1805. On ne sait rien de sa vie qui dut être très calme. Il ne se maria pas. La grande affaire de son existence fut la fondation de la maison de retraite. Les maisons de retraite étaient rares à l’époque, pourtant tellement utiles, elles étaient à la fois hospice, hôpital et orphelinat. Mr Vandenkerckhove voulut que l’établissement soit public et non privé ce qui facilita bien des choses par la suite et il choisit Bollezeele comme lieu d’implantation.
Plusieurs seigneuries existaient sous l’ancien régime sur le territoire de Bollezeele, des lieux-dits en conservent le souvenir, ainsi le Pantgat que l’on trouve déjà en 1115 sous l’orthographe Pandgata, l’Hofland, le Penhof, le Roodkoornhuis ou l’Erkelsbrugge qui était la propriété de la famille Hannon, dont descendait Monsieur Vandenkerkhove.
D’autres nombreux lieux-dits se retrouvent sur le territoire de Bollezeele tels que : Zwynland (la terre des porcs), Noord bunder (le bonnier, unité de surface du nord), Vrouweveld (le champ de la dame), Smeekaert (le suppliant, le mendiant), Hoogenhill (haute colline) qui a par ailleurs donné le Nel (Hill, colline), Biesedriesh (pré des joncs), Kapveld (champ du capuchon), Cray hill (colline aux corbeaux), Paddeveld (le champ du crapaud), Peenhof (la ferme de la carotte), Korenhuis (maison du blé), Erkelsbrugge (pont du gland), Leurdam (le barrage trompeur), Rousouckhouck (vient de Roos Houck, le coin des roseaux), Brunshouck (le coin de Brune, un nom propre).
Les noms de rues étaient de même, à l’origine, toutes en flamand. Ils ont souvent été oubliés ou traduit en français, quelques fois de manière très fantaisiste. Le cas de la rue de Metz est connu, il s’agissait en fait de la Metserstraete, rue des Maçons, elle se nommait parfois aussi Torrenstraete, car dans l’axe du clocher de l’église.
On trouvait également la Ryckestraete (rue des riches), Drayestraete (rue tournante), Kerckstraete (rue de l’église), Watenstraete (route de Watten), Processiestraete (rue de la procession), Vyfwegstraete (rue des 5 chemins), Klockeweg ou Naegelstraete (chemin de la cloche ou rue des clous), Peenhofstraete (rue de la ferme de la carotte), Kornhuysstraete (rue de la maison à grains), Casselstraete (rue de Cassel), Heirstraete (rue des messieurs), Cappellestraete (rue de la chapelle), Kikertiestraete (rue des poussins).
Durant l’ancien régime Bollezeele faisait partie de la châtellenie de Cassel qui dépendait directement du Comte de Flandre.
La châtellenie était divisée en vierschaeres, juridictions où l’on jugeait les petits délits en premier ressort. Les communes de Bollezeele et Zegerscappel constituaient une vierschaere.
Bollezeele à la limite de la Flandre Intérieure et de la Flandre Maritime était également à la limite de la châtellenie de Bourbourg ce qui lui valut d’être quelques temps au XVIIème siècle zone frontière, on a alors bâti 2 forts au nord ouest de la commune.
Le village s’étend sur 18,23 km² compte aujourd’hui 1476 habitants. Au XVème siècle Bollezeele était déjà peuplé de 650 personnes, il a connu son peuplement maximum au XIXème siècle et avait alors 2000 habitants.
A Bollezeele pas de paysages grandioses ni de constructions remarquables pourtant le village a un charme certain, un peu secret. Il faut le découvrir le long des chemins ruraux, près des vieilles fermes entourées de pâtures qui égaillent la campagne, en se remémorant l’histoire tantôt calme tantôt sanglante, en se souvenant des générations de villageois qui avec ténacité ont fait la Flandre.
Qui veut vraiment connaître Bollezeele, « le plus flamand des bourgs de France » selon Joseph Desitter (peut-être un peu chauvin) doit emprunter la route de Merckeghem d’où l’on découvre la vaste étendue monotone de la Flandre Maritime, doit également se perdre du côté du Kikertie, au nord du village, parsemé de bois minuscules (voir le chemin pédestre « au pied des Colines de Merckeghem » Yser Houck n° 4).
Au village, il faut faire le tour de l’église, remplie des souvenirs de Notre Dame de Bollezeele, admirer l’hôtel de ville et pousser jusqu’à la place du Jeu de Paume, si calme entre les grandes maisons. Il faut aussi se promener parmi les fermes retirées à l’est du village et voir l’Yser à l’Erkelsbrugge et au pied des 5 rues.